BCE : nouvelle salve de baisse des taux
La Banque centrale européenne (BCE) a réduit ce jeudi ses taux d’intérêts directeurs pour la deuxième fois de l’année 2024. Après une pause de quelques mois effectuée après la diminution de ses taux le 6 juin, l’institution bancaire de la zone euro a décidé de continuer sur sa lancée en réduisant son de taux de dépôt de 25 points de base, le faisant passer à 3,50 %. Quant aux taux de facilité de refinancement et de prêt marginal, les deux se sont vu retirer 60 points de base pour respectivement s'établir à 3,65 et 3,90 %.
Avec la grande vague d’inflation terminée et un affaiblissement des perspectives économiques récentes, rien n’a semblé s’opposer à ce nouvel assouplissement monétaire. Même les chiffres de l’emploi, qui étaient un indicateur à surveiller avant la réunion, sont allés dans le sens de la tendance baissière. Les salaires n’ont progressé que de 4,3 % au deuxième trimestre contre 4,8 % lors du premier, participant à faire chuter l’inflation, notamment dans les services, secteur particulièrement surveillé par la BCE. Le rythme des futures baisses, cependant, est incertain. Les “colombes” partisanes de la baisse estiment qu’une réduction trop lente pourrait atténuer l’inflation excessivement et nuire à l’économie, tandis que les “faucons” en faveur du resserrement monétaire craignent qu’une relaxation trop rapide ne fasse repartir les prix à la hausse.
En attendant les résultats de la revue stratégique de l'institution de Francfort en mi-année prochaine, la BCE privilégie les réunions trimestrielles pour ses décisions de politique monétaire, et son cycle d’assouplissement ne devrait s’accélérer que si la croissance et l’inflation subissent des replis considérables dans les mois à venir. Selon une enquête de juin, l'inflation devrait s'établir à 2,5 % en moyenne en 2024, puis diminuer à 2,2 % en 2025, avec potentialité de tomber sous la barre des 2 % (l’objectif de la BCE) d'ici 2026, alors que la croissance serait de 0,9 % en 2024, de 1,4 % en 2025 et de 1,6 % en 2026. C’est donc une quinzaine plutôt chargée en termes de révisions de taux, puisque la semaine prochaine, la Réserve fédérale américaine (Fed) risque de reproduire le même scénario.
Jus d’orange : la hausse des prix continue
La sécheresse impitoyable qui ravage le Brésil en ce moment continue d’affecter les cours de l’alimentaire, en faisant bondir cette fois les prix du jus d’orange. Le pays émergent, premier exportateur d'agrumes au monde, voit ses champs d’oranges tomber sous la maladie et les incendies, et anticipe une diminution d’au moins 25 % sur sa récolte. Au marché à terme de Wall Street, c’est le branle-bas-de-combat. La livre de concentré de jus d’orange congelé a été facturée plus de 5 dollars cette semaine, un montant jamais vu dans toute l’histoire du fruit brésilien. En hausse de 60 % depuis début 2024, les prix ont été multipliés par 3 depuis janvier de l’année dernière. Fundecitrus, l’association de producteurs brésiliens, prévoit une moisson de 232,38 millions de cageots (environ 40,8 kg), la deuxième plus petite récolte depuis 1988-1989.
En cause ? La pire sécheresse que le Brésil ait connu depuis 50 ans, des précipitations bien trop faibles, une saison des pluies qui arrivera en retard et surtout, la malfamée maladie du dragon jaune. Cette pathologie végétale est transmise par un parasite à l'arbre, et entraîne l’amertume progressive de ses fruits jusqu’à ce qu’ils deviennent inconsommables. Venant des États-Unis et débarquant tout juste au Brésil, elle a en dix ans, divisé par 4 la récolte d’oranges en Floride, selon le ministère américain de l’agriculture.
Et qu’en est-il des solutions envisageables ? Quand la collecte est décevante plusieurs fois d’affilée, les industriels se tournent vers le concentré congelé pour rééquilibrer les volumes de production et le goût du jus, mais les réserves qui ne durent que deux ans sont désormais épuisées. Les producteurs brésiliens doivent maintenant avoir recours à des recettes mélangées avec des mandarines et du jus de pomme, mais là aussi, le marché est sous tension. En Pologne, exportateur européen numéro 1 de pommes à jus, une vague de gel a compromis le rendement des vergers. Les prix du jus d’orange ne réduiront ainsi pas de sitôt.
PME et TPE : des défaillances qui se multiplient
Depuis le début de l’année, les défaillances des petites entreprises prolifèrent bien plus vite que la vente de leurs produits et services. Selon les chiffres de la Banque de France en août, c’est 63 000 liquidations qui sont enregistrées sur douze mois glissants, contre 50 000 en 2023. Parmi ces défaillances, plus de 61.000 procédures concernent des micro-entreprises et de très petites entreprises.
Sur les deux premiers trimestres de 2024, les PME et ETI ont enregistré une hausse de 56 % de leurs défaillances sur un an, et cette tendance pour les structures de 11 à 50 et de 51 à 200 salariés est en train d’empirer avec le temps. Rien que dans le Val d’Oise, l’un des départements les plus touchés, la barre du millier de PME liquidées a été atteinte en juin, une première depuis 8 ans. Phénomène de rattrapage post-Covid ? Sûrement pas. Au plus fort de la pandémie en 2019 et 2020, l’Oise comptait respectivement 890 et 550 défaillances à la mi-année. Pour la majorité des entrepreneurs, les difficultés sont beaucoup plus structurelles.
À en écouter les patronnes et patrons de ces petites structures fragiles, la France est bel et bien confrontée à l’un des plus gros pics de défaillances d'entreprises de ces trente-cinq dernières années. Même les PME les plus installées sont rattrapées par la conjoncture, des dettes, une inadéquation au marché ou une mauvaise gestion leur faisant obtenir un aller-simple vers les tribunaux de commerce. Les trésoreries sont si tendues aujourd’hui pour les TPE et PME qu’un seul mauvais payeur peut rimer avec ruine financière. S’ajoutant à la débandade, selon une étude du cabinet ARC, la moitié des entreprises ne connaît pas les dispositifs de soutien mis en place pour les structures en difficulté. Renégociation des dettes, sauvegarde accélérée, procédures de conciliation, autant de solutions dont la méconnaissance n’aidera pas les entreprises à s’extirper de leur défaillance.
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