France : la prime de risque sur la dette empire
Le spectre de la dette plane plus que jamais sur l’Hexagone, et risque de se faire sentir davantage. L’écart des coûts d’emprunt à 10 ans entre Paris et Berlin, surnommé “spread”, est aujourd'hui installé à 70 points de base, synonyme d’une prime de risque de 0,7 % demandée par les investisseurs pour prêter à la France plutôt qu’à l’Allemagne, qui a le crédit le plus sûr de la zone euro. Ce gouffre pourrait même s’élargir à plus de 100 points de base d’ici 2025, retournant à des niveaux jamais atteints depuis la crise européenne en 2012.
Mais pourquoi une telle tension ? La mauvaise gestion des finances publiques et une situation politique en branle-bas de combat ont fini de faire grimper l’addition. Le ministre démissionnaire de l’économie a mis en garde sur la probabilité du déficit budgétaire de se hisser à 5,6 % cette année, soit 0,5 % au-dessus de ce qui était prévu. Cela, ajouté à des investisseurs toujours frileux après la secousse de la dissolution de l’Assemblée nationale, et une procédure de déficit excessif menée par la Commission européenne contre Paris, ne font que mettre de l’huile sur le feu.
Des nouvelles d’assez mauvais augure pour que les agences de notation évaluent de nouveau le statut financier de la France en octobre, et probablement placer le pays sous perspective négative, ou pire, dégrader sa note de remboursement d’un cran (Aa2). Étant la troisième notation la plus élevée, les investisseurs ne fuiront pas pour autant, mais pourront tout de même l’utiliser pour demander une note plus salée afin de compenser les risques accrus, empêchant ainsi la France de bénéficier pleinement des baisses de taux de la Banque centrale européenne prévues pour septembre (BCE).
Pétrole : le baril à son plus bas niveau de l’année
Le pétrole glisse sur une pente infernale, atteignant son plus bas niveau en neuf mois. Le baril de Brent a flirté avec les 73 dollars, bien loin des 80 dollars symboliques, après une chute de 6 % en une semaine.
Cette dégringolade d’évaluation de l’or noir est largement en partie due au ralentissement global de la croissance économique. Sous la pression d'une demande en berne, notamment expliquée par une activité manufacturière en dents de scie en Chine, l’Opep+ (Organisation des pays exportateurs de pétrole) qui provoque une baisse des importations (-12 % en juillet par rapport à juin), l’Opep+ devrait revoir ses ambitions à la baisse et repousser l’ajout de 180 000 barils quotidiens prévu en octobre. Dans une ère où l’électrique est la pièce maîtresse de la Chine, l'Agence internationale de l'énergie estime que la part de croissance de sa demande en mazout pourrait tomber à 40 % d'ici 2025.
Face à cet effondrement, le cours du brut continue d'être orienté à la baisse, et les analystes prévoient que le baril de Brent pourrait bientôt descendre sous la barre des 70 dollars l’année prochaine. Les compagnies pétrolières et investisseurs étrangers, qui ont misé des milliards sur l’expansion des capacités de production dans des pays comme les Émirats Arabes Unis et l’Irak, pourraient se retrouver dans une impasse.
États-Unis : été doré pour les obligations d’État
L’été a été propice aux obligations d’État américains, aussi appelées les “Treasuries”, sommes d'argent disponibles en caisse ou en banque. Elles ont brillé en faisant rapporter 1,5 % en moyenne aux investisseurs en août, marquant leur quatrième performance mensuelle positive d’affilée, ponctuant ainsi une série qui n’avait pas été enregistrée depuis trois ans !
Le mois passé, les taux des obligations à 10 ans a brièvement chuté sous les 3,7 %, un seuil inédit en quatorze mois. Parallèlement, les obligations à deux ans, plus réactives aux changements de politique monétaire, ont connu une baisse de près de 80 points de base, créant une inversion temporaire des taux. En d'autres termes, emprunter à court terme est devenu moins coûteux que sur le long terme, une situation assez commune d’habitude, mais dont la tendance s’était inversée depuis le resserrement monétaire sévère opéré par la Réserve fédérale américaine (Fed) des dernières années.
Grâce à cette embellie inattendue, les investisseurs se sont précipités sur les titres de dettes d’État outre-Atlantique pour fixer un rendement avantageux avant qu’ils ne diminuent à la suite de la baisse des taux prévue pour les prochaines semaines. Cela est particulièrement observé pour les fonds cotés, fonds spécialisés dans les “Treasuries”, dont les flux entrants ont enregistré une augmentation de 12,2 milliards de dollars. En grande partie expliqué par l’assouplissement monétaire à venir, ce regain d’intérêt pour les obligations d’État américains sera cependant de courte durée. Les attentes de baisses de taux sont déjà largement intégrées dans les prix des obligations, et la Fed pourrait adopter une approche plus prudente que prévu. Pour les traders, la fête bat son plein mais s’approche de la fin.
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