Commerce mondial : contraction historique en vue pour 2025
Conséquence des hausses tous azimuts des droits de douanes par Donald Trump, l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) vient d’annoncer une contraction historique des échanges de marchandises en 2025. Alors qu’elle tablait encore sur une croissance de 2,7 % il y a six mois, elle prévoit désormais un recul compris entre 0,2 % et 1,5 %.
Depuis avril, le président américain a abaissé à 10 % les taxes à l’importation pour (presque) tous les pays, tout en maintenant un tarif XXL de 145 % sur les produits chinois. Une politique plus protectionniste que jamais qui fait tanguer les cargos du commerce mondial : l’indice SCFI, baromètre du fret maritime, a plongé de 40 % sur les trois premiers mois de 2025. L’Amérique du Nord tire l’ensemble vers le bas, avec une chute prévue de 1,7 % de ses échanges extérieurs. Les exportations chinoises vers les États-Unis, de leur côté, devraient chuter de 77 %. Mais la Chine, loin de sombrer, redirige la marchandise : +25 % vers le Mexique et le Canada, +9 % vers l’Amérique du Sud, +6 % vers l’Europe. Résultat : en mars, l’excédent commercial chinois a frôlé les 1 000 milliards de dollars.
La période qui s’ouvre est celle d’un commerce en mode contournement, avec des chaînes d’approvisionnement qui se reconfigurent au gré des tensions géopolitiques. Plus près, plus sûr, mais plus complexe : les multinationales délocalisent là où les taxes douanières ne sont pas. Et ce ralentissement n’est pas de bon augure, selon l’agence ONU Commerce et Développement : le découplage sino-américain pourrait faire baisser le PIB mondial de 7 % à long terme, dont les effets se font déjà sentir pour les économies les plus fragiles.
BCE : baisse des taux pour lutter contre les tarifs douaniers
Face à un climat économique lesté par la guerre commerciale menée tambour battant par Washington, la Banque Centrale européenne (BCE) a décidé d’agir sans attendre. À partir du 23 avril, ses trois taux directeurs seront abaissés d’un quart de point, ramenant le taux de dépôt à 2,25 %, et la facilité de refinancement à 2,50 %. Objectif : soutenir une croissance en perte de vitesse sans raviver la braise de l’inflation.
Pourquoi cette baisse ? Car le moteur de l’économie européenne commence à tousser : à force de menaces tarifaires américaines, la dynamique de reprise s’essouffle. Les économistes de l'institution monétaire prévoyaient initialement un impact limité, mais certains estiment désormais que la guerre commerciale pourrait coûter jusqu’à un point entier de croissance à la zone euro. Du côté de la hausse des prix, la température reste stable : +2,2 % sur un an, soit juste au-dessus de la cible des 2 %. Les risques de dérapage restent contenus, notamment grâce à un euro qui a repris des couleurs face au dollar (+5,3 % depuis le 1er avril), et à un pétrole devenu plus abordable (-16,6 % en euros), offrant un souffle d’air frais à l’économie.
Les regards se tournent désormais vers juin, où une nouvelle baisse pourrait être annoncée, surtout si la conjoncture se détériore davantage. Christine Lagarde, en funambule monétaire, devra continuer à rassurer sans trop promettre, et jongler sa politique entre relance préventive et prudence calculée.
Droits de douane : une pause sur la tech soulage les marchés
Léger soupir de soulagement pour les marchés, après que le président américain a décidé d’exempter temporairement smartphones, ordinateurs et autres produit high-tech de ses surtaxes douanières. Résultat ? Les Bourses ont réagi en bondissant : +2,3 % pour le CAC 40, +2,8 % pour le Dax, +2,1 % pour le FTSE 100. Même Wall Street, d’abord prudent, a fini par saluer la manœuvre.
Mais ce répit pourrait être de courte durée. La Maison Blanche a prévenu : cette exemption n’est que temporaire, et de nouvelles taxes – cette fois sur les semi-conducteurs – sont déjà dans les tuyaux. Le message est clair : aucun pays ne doit passer à la trappe, en particulier la Chine, toujours dans la ligne de mire de Donald Trump, qui l’accuse de jouer avec des règles biaisées. Le protectionnisme continue donc de faire tanguer la planète finance. La trêve de 90 jours annoncée plus tôt dans la semaine n’a pas suffi à calmer les esprits : les droits de douane américains sur les biens chinois ont grimpé à 145 %, Pékin a répliqué avec 125 %, et le reste du monde reste soumis à un taux de 10 %. Même les bons du Trésor américain, d’ordinaire valeurs refuges par excellence, ont vacillé : à 4,40 %, ils n’ont toujours pas retrouvé leur aplomb.
Ce que redoutent les investisseurs, ce sont moins les tarifs douaniers en soi que leur imprévisibilité. Les revirements successifs de Trump plombent la confiance des ménages et troublent les perspectives, relancent l’inflation et font perdre du terrain au dollar. Reste à voir ce que l’avenir nous réserve, et si entre protectionnisme et libre-échange, où le cœur du président américain vacillera davantage.
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