Banques : l’Europe toujours dominée sur son propre terrain
Malgré la guerre commerciale sino-américaine et les secousses politiques hexagonales récentes, les établissements européens n’ont pas profité de la défiance envers leurs concurrents étrangers pour renverser la hiérarchie bancaire sur leur propre sol. Les grands acteurs outre-Atlantique continuent de dominer le marché européen de la banque d’investissement, captant désormais près de 40 % des commissions totales sur le continent. Cette performance illustre la solidité de leur modèle intégré et leur avance technologique dans les métiers de conseil, de financement et d’émission de dettes.
En somme, la probabilité d’un réveil européen reste faible. Certes, certaines émissions d’obligations en euros ou en livres sterling se font désormais sans participation américaine, traduisant une légère réappropriation du marché local. Cependant, les activités sur les produits dérivés de taux, domaine clé du financement européen, voient un recul de la présence étrangère : la part détenue par les établissements non européens a chuté de 40,5 % à 35,5 % des actifs gérés en un an. Depuis 2020, les groupes américains ont doublé la croissance de leurs revenus de commissions par rapport à leurs homologues européens, renforçant leur assise structurelle à long terme.
Tandis que les banques du Vieux Continent se réorganisent après une décennie de restructurations et de fusions, leurs concurrentes venues d’outre-Atlantique poursuivent leur expansion. Elles occupent aujourd’hui la quasi-totalité du haut du classement européen par volume de commissions, et affichent des objectifs de croissance à deux chiffres d’ici cinq ans. Seule une poignée d'irréductibles acteurs européens résistent encore et toujours à l’envahisseur et à rivaliser dans le Top 10 mondial. Preuve que la bataille de la rentabilité reste largement transatlantique, mais surtout qu’elle n’est quasi plus européenne.
Cacao : baisse des prix après une année sous tension
Après une envolée historique, les fèves de cacao retrouvent des niveaux plus raisonnables. À New York, la tonne se négocie désormais autour de 6.500 dollars, contre plus de 12.000 dollars fin 2024. À Londres, le repli est tout aussi marqué : 4.700 livres sterling la tonne, presque deux fois moins que lors du pic de décembre dernier.
Cette accalmie doit beaucoup à la météo, redevenue clémente en Afrique de l’Ouest, cœur mondial de la production. Les perspectives de récolte y sont en nette amélioration, dissipant les craintes de pénurie. Résultat : l’offre pourrait dépasser la demande de 186.000 tonnes cette année, selon les estimations d’analystes. Après plusieurs campagnes déficitaires, les stocks repartiraient à la hausse, synonyme d’un signal baissier classique pour les prix. En parallèle, la consommation de chocolat ralentit. En Europe, le broyage du cacao a reculé de 4,8 % sur un an, à son plus bas niveau depuis dix ans pour un troisième trimestre.
Cette détente des cours est bienvenue, mais risquerait d’être de courte durée. Les fabricants, confrontés à des marges encore sous pression et à des consommateurs prudents, n’ont pas fini d’ajuster leurs stratégies. Et la suite pourrait réserver des surprises : dès janvier, le cacao sera intégré à un grand indice mondial de matières premières, ce qui pourrait relancer les achats spéculatifs et soutenir de nouveau les prix.
M&A : la machine mondiale se rallume
Après une période de calme plat post- « Liberation Day » (ce jour où Donald Trump annonçait des droits de douane sur le reste du monde), l’activité repart de plus belle. Depuis janvier, les opérations de fusions-acquisitions (M&A) ont bondi de 38 %, atteignant près de 3 500 milliards de dollars. Les émissions d’actions progressent de 11 %, celles de dette de 10 %, portées par un contexte de taux plus accommodant et un retour de la confiance des investisseurs. Les grands acteurs du secteur s’attendent à un cycle prolongé de transactions, dopé par la baisse du coût du capital et des valorisations jugées plus attractives.
Les chiffres confirment cette embellie : sur les neuf premiers mois de l’année, les établissements spécialisés ont engrangé plus de 30 milliards de dollars de bénéfices, un record depuis dix ans. Les rémunérations suivent la tendance, avec des bonus en hausse moyenne de 5 %, voire jusqu’à 30 % pour certaines activités de marché. Le volume d’opérations s’accélère dans tous les secteurs (santé, tech, énergie, tout y passe), et les marchés européens s’invitent dans la danse. Des transactions de plusieurs dizaines de milliards refont surface, preuve que la prudence de 2024 s’efface peu à peu au profit d’un retour à l’audace stratégique.
L’Europe, longtemps à la traîne, retrouve, elle aussi des couleurs. Les conditions de financement s’améliorent, les taux d’intérêt refluent et les programmes d’investissement public soutiennent la reprise, notamment dans l’industrie et la défense. De quoi annoncer une fin d’année sous le signe du rebond et, selon les experts, une année 2026 propice à de “gros deals”.
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